Marie-Julie Jahenny : doutes.

Il y a une sorte de contradiction entre ce que dit ici Marie-Julie Jahenny et la dévotion au Chef Sacré, mais là il s'agit d'une dévotion qui ne laisse pas la place au Corps de Notre-Seigneur. Notre-Seigneur propose, d'après ce que je connais, toujours un signe sensible pour établir une dévotion à son Humanité Sacrée, par exemple avec les Saintes Plaies et le Sacré-Cœur, ou même les Mystères du Rosaire où il est contemplé encore une fois dans son Humanité.

Citation :

Parce que nous sommes charnels, il faut que notre désir et notre amour commencent par la chair.

Saint BERNARD, sur les amitiés

Du même coup, la dévotion à l'âme toute seule me parait moins parfaite que celle du Chef Sacré, qui fait voir l'invisible par le visible et qui est une dévotion aux Puissances de l'Âme de Notre-Seigneur. Peut-être voulait-on parler de cette dévotion indirectement et sans nommer le Chef Sacré ?

Dans "Cris du ciel sur le temps qui vient ", de Pierre Roberdel, p. 169-170 :

DÉVOTION A L'ÂME DU SAUVEUR
de l'extase du 1er juillet 1880

L'intelligence suprême des choses divines ne peut être donnée à l'âme sur la terre, même dans les visions. Une certaine obscurité est nécessaire pour maintenir dans l'humilité.

L'âme du Sauveur mérite qu'on lui voue une véritable dévotion mais, seul, le Pape peut établir officiellement cette dévotion.

Nouvelles annonces de ténèbres...

La seconde partie de l'extase revient sur le langage des petites fleurs. Nous l'omettons, car elle ne présente pas d'intérêt particulier... et il faut se borner.

... Si l'âme goûtait, sur la terre, la profondeur de l'ivresse divine, comme le font tous les saints au ciel, elle ne pourrait supporter cette faveur sans un prodige du Seigneur. Il le pourrait dès cette vie, mais il n'y aurait plus de distinction entre l'âme unie à Dieu au ciel et celle qui attend sa récompense dans le ciel et celle qui attend sa récompense sur la terre.

Quelle que soit la saveur divine que l'âme puisse goûter ici-bas, ce serait loin des saveurs célestes dont les élus s'enivrent. Ce qui manquera toujours sur la terre, même dans les visions, c'est le don d'intelligence suprême dans la divinité. Si l'on ne possédait que l'âme, elle entrerait plus facilement dans les profondeurs de la grâce et la connaissance des merveilles divines. Mais la partie mortelle de la personne est un obstacle - pas un arrêt - pour l'âme, dans le service du Seigneur. Si le corps est un obstacle aux connaissances profondes, l'âme n'en est pas moins agréable à Dieu.

La connaissance des choses divines les plus extraordinaires n'ôteraient point, dans l'âme, une certaine ignorance que le Seigneur y veut, pour la conserver dans l'humilité et le sentiment de sa bassesse.

_ Abordons le second point. _

L'âme du Seigneur mérite aussi qu'on lui voue une grande et vénérable dévotion. Cette dévotion est une gloire dont le Seigneur a hâte de se revêtir. Il dit dans le soleil :

"Je veux que cette dévotion devienne la nourriture des âmes aimantes, de celles que j'aime et qui m'aiment".

Cette dévotion à l'âme divine du Sauveur ne pourra s'établir parfaitement que d'après le jugement du successeur de Saint Pierre. Le soleil ajoute que les évêques peuvent approuver publiquement cette dévotion, mais qu'il y faut une approbation plus haute et plus puissante. Cette dévotion ne sera connue qu'après que la paix et la concorde seront rendues à l'Église et établies parmi le peuple.

La dévotion à l'âme divine sera, dans les temps de malheur et de désolations, une protection pour quiconque se tournera vers elle avec confiance.

L'approbation solennelle de cette dévotion dans tout l'univers, par la voix de l'Église, il en sera d'elle comme la dévotion à la plaie méprisée de l'Épaule du Sauveur : les deux approbations se suivront de près, mais ce ne sera qu'après que la paix sera rendue à l'Église.

La sainte âme de Jésus, qui a été abreuvée de douleurs, le sera plus grandement encore que sur la Croix par les outrages qui se préparent.

Toutes les œuvres, approuvées par la voix infaillible de l'Église, cesseront d'exister, d'exister dans leur triomphe passé, mais elles ne perdront rien de leur puissance. Cependant, elles seront comme si elles n'existaient plus visiblement. Un deuil enveloppera tout ce qui ranime la foi dans le cœur des fidèles. Ceux-ci deviendront comme orphelins, privés de dévouement et de prédication.

Ce temps ne sera pas bien long, mais il paraîtra une éternité pour les enfants de l'Église. Le Seigneur ne permettra pas que toute la terre reste plongée dans un deuil si profond et si douloureux.

Dans ce deuil d'anéantissement, des signes éclatants se manifesteront sur la terre. Si l'Église devient comme ténèbres par la méchanceté du péché, le Seigneur y ajoutera aussi d'autres ténèbres profondes. Ces ténèbres obscurciront le jour du méchant, et l'arrêteront dans sa course à la terreur. Si l'Église doit souffrir, ceux qui lui sont opposés souffriront aussi.

Le soleil obscurcira ses rayons ; l'étoile ne brillera plus au firmament. Le jour deviendra nuit, mais une nuit toute différente de la nuit ordinaire : une nuit ténébreuse, si noire, si pleine de douleurs, qu'aucun ennemi de l'Église ne pourra reconnaître les siens, ni s'en approcher pour converser avec eux, en prendre conseil et préparer ses projets.